Perspectives Art9 convie trois maîtres de la BD Western à Lausanne au Taco’s Bar…
Planches originales, tirages d’Art, dédicaces, et surtout rencontre et échange avec ces trois Artistes passionnés par l’Ouest Sauvage.
Les Artistes: François Boucq, Derib, Serpieri.
François Boucq.
S’il a commencé dans l’illustration de presse avec des caricatures pour des magazines aussi renommés que « Le Point », « L’Expansion » ou « Playboy », c’est dans la bande dessinée que François Boucq explose véritablement. De son expérience passée, il retire un goût prononcé pour les visages expressifs et le dessin fouillé, magnifié par un sens peu commun du cadrage et de la mise en scène. Il se fait connaître pour ses récits humoristiques, où l’absurde le dispute souvent à la parodie. Il crée le personnage de Jérôme Moucherot, un agent d’assurances pas tout à fait comme les autres, parcourant la jungle de l’existence en costume léopard. Doué d’une capacité de travail peu commune (il lui est arrivé de dessiner jusqu’à deux planches par jour, sans jamais renoncer à la qualité qui a fait sa réputation), François Boucq délaisse volontiers l’humour pour se consacrer à des récits plus réalistes. Il adapte ainsi le romancier américain Charyn (La femme du magicien, Bouche du diable) explore le western avec Jodorowsky, dans les pages de Bouncer, ou les services secrets du Vatican avec Sente (Le Janitor). Héritier direct d’un Giraud, Boucq a ouvert des portes dans le dessin réaliste. Au fil des années, cette synthèse entre caricature et rigueur, lisibilité et précision du dessin a donné naissance à un style unique, qui lui permet de faire vivre tous les genres de récit avec le même brio. Il vient de publier un cinquième tome des aventures de Jérôme Moucherot, Le Guide du mâle dominant, aux Éditions du Lombard, rééditant pour l’occasion les quatre premiers volumes de cette série unique et désopilante. Bouche du diable, trouve aujourd’hui naturellement sa place dans la prestigieuse collection Signé.
Derib.
Fils d’un peintre renommé, Claude de Ribaupierre, alias Derib, a la chance de grandir dans une famille où la bande dessinée est bien considérée. En conséquence de quoi il quitte sa Suisse natale pour Bruxelles, où il apprend le métier de dessinateur de BD au sein du prestigieux studio Peyo. Rapidement, il publie dans les magazines « Tintin », « Spirou » et « Pilote ». Il crée son personnage fétiche, Yakari, à l’âge de 22 ans, mais il faudra attendre sa rencontre avec le scénariste Job pour que le petit indien prenne réellement vie. A partir de 1974, Derib creuse la veine réaliste, avec « Buddy Longway », western atypique mettant en scène la vie d’une famille de trappeurs dans le Midwest. Cette série très personnelle lui permet notamment de nous faire partager son amour des chevaux, dont il est l’un des meilleurs dessinateurs. Il partage ensuite son temps entre Yakari et une série de one-shots contemporains, d’une grande sensibilité. « Jo », « No Limits » ou « Pour toi, Sandra » mettent ainsi en lumière les malades du Sida, la délinquance juvénile ou la prostitution. Auteur éclectique et résolument humaniste, Derib est également la figure tutélaire de la BD suisse, dont il reçoit fréquemment les jeunes auteurs les plus prometteurs.
Serpieri.
Paolo Eleuteri Serpieri est né à Venise le 29 février 1944 mais est parti très tôt à Rome. Il a terminé ses études de dessins (il était l’élève de Renato Guttuso) et s’est consacré à la peinture. Il est actuellement professeur à l’institut des arts de Rome. Serpieri n’aborde le monde de la bande-dessiné qu’en 1975 en réalisant quelques histoires pour le magazine de BD Italien: « Lanciostory ». Grand fan d’histoire de western, il collabore à la création de l’ « Histoire du Far West » pour Larousse et crée dans les pages de « Skorpio » (un autre magazine italien) la série: « I grandi miti del West ». Ces différentes séries l’ont d’emblée imposé parmi les maîtres du réalisme. En 1985, il change radicalement de genre en créant Morbus Gravis, le premier tome des histoires de Druuna. C’est avec cette saga que le dessinateur italien a accédé au grand public. À partir du tome intitulé « Creatura », un nouveau personnage apparaît : Doc, qui est en fait l’auto-portrait de Serpieri. Peintre, musicien, sculpteur, cet esthète flamboyant nous prépare le prochain album de Druuna: La planète oubliée. Pour Serpieri, Druuna est le type de femme qu’il affectionne particulièrement : un peu candide, un peu ingénue en ce qui concerne l’amour. Druuna connaît parfaitement son corps, et sait qu’elle peut compter sur sa beauté. Il y a une certaine perversité dans cette candeur, perversité dans le sens proprement littéraire. Ce n’est pas une sainte. Le sexe lui plaît, elle n’identifie pas l’amour au mal et sait que le moralisme et la corruption existent dans ce monde plein de préjugés…
Trois Artistes, un thème, une expo…